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La vie extraordinaire d'une chanteuse normale.

LE BLOG DE LISE PRAT-CHERHAL

Un clip et un matelas (ou l'inverse)- 1ère partie

Ce jour-là, nous avions rendez-vous chez François, notre vidéaste attitré depuis de nombreuses années maintenant pour choisir ensemble les effets à utiliser pour le montage du clip de 28Saphyr : Dis comment tu Ken ?

 

La réalité de l’existence de ce clip sur un banc de montage relevait du miracle puisque son tournage avait été une première fois annulé au printemps dernier, puis une seconde fois cette automne, mais nous étions finalement parvenu à organiser une journée de prises de vues au tout début du mois de décembre.

Ceci avait eu lieu au Lieu Unique, salle de spectacle Nantaise et néanmoins fermée.

 

Mais revenons au montage. (N’ayant pris aucune note lors du tournage, je ne suis malheureusement plus en mesure de le raconter).

 

Lorsqu’après avoir franchi le portail bleu de la maison de François le réalisateur, je suis arrivée devant sa belle porte d’entrée bleue, j’ai immédiatement cherché la sonnette que j’ai l’habitude de tourner pour lui indiquer ma présence.

 

Une sonnette que j’aime beaucoup car elle est d’un ancien temps.

C’est un genre de molette qui ne fait pas cherrer une bobinette mais qui fait sonner une sonnette.

Cette sonnette ne marche donc que grâce à la force de nos poignets. Et ça, d’un point de vue décroissance, c’est idéal et ça me plaît beaucoup.

 

Mais ce qui ne m’a pas plu ce matin là, c’est que je ne suis pas parvenue à trouver la sonnette sur sa porte.

Elle avait disparu. Ne restait à sa place que deux trous de vis dans le bois bleu.

Il avait enlevé sa sonnette.

J’étais très déçue. J’avais envie de savoir ce qu’il était advenu de cette sonnette mais comme je venais pour un rendez-vous professionnel, je me suis dit que j’allais m’abstenir de lui poser une question aussi futile.

(Il faudra quand même que je sache un jour ce qu’il est arrivé à cette décroissante sonnette).

 

Pas de sonnette, j’ai donc frappé fermement la porte, même si je souffrais du bras droit depuis une dizaine de jours (mais nous reviendrons au cours d’un prochain épisode sur cette douleur, ses causes et ses conséquences).

 

François m’a ouvert. Derrière lui se tenait Morvan qui était arrivé à ce rendez-vous quelques temps avant moi.

 

François m’a dit :

Salut, tu veux bien aller chercher mon courrier ? (En me désignant la boite aux lettres près de son portail bleu).

 

Je l’ai regardé.

J’ai regardé sa boite aux lettres et j’ai eu envie de lui dire : Pardon ? Tu viens de me demander d’aller chercher ton courrier ?

 

Mais je n’ai rien dit.

J’étais à ce moment-là, pile entre lui et sa boite aux lettres.

Ça tombait sous le sens que j’étais la personne la plus apte à aller récupérer son courrier à cet instant précis.

Mais je n’avais pas très envie.

Je n’en avais pas très envie pour une raison très simple.

En cette période d’interdiction de concerts, en tant que chanteuse, j’avais vraiment du mal à garder la foi et la confiance en ma carrière professionnelle.

Donc si en plus, en arrivant à un rendez-vous professionnel, on me confiait la tâche du courrier habituellement réservée aux stagiaires sous-payés (quand il le sont), là clairement, j’allais toucher le fond qui, en plus, n’est en ce moment pas très loin.

 

François a vu que j’étais un peu sur la réserve quant à ce projet d’aller chercher son courrier à sa place.

 

Il m’a alors dit :

Mais je suis en chaussons.

 

Ah …

 

Il était en chaussons …

C’est pour ça qu’il ne pouvait pas sortir de chez lui.

Tout ceci n’avait donc rien à voir avec le fait que je le soupçonnais de me prendre pour sa stagiaire sous payée.

L’image qu’il avait de moi-même était donc préservée.

 

Mais lui, il était en rendez-vous professionnel en chaussons.

Il avait visiblement touché le fond.

 

Et je ne pouvais pas le laisser seul, toucher ce fond que je vais très régulièrement visiter.

Je me devais alors d’être solidaire, nous irions toucher le fond ensemble, il fallait donc que j’aille chercher son courrier à sa place.

 

Ainsi, je suis allée à sa boite aux lettres, j’ai sorti ce qu’il y avait à sortir et chez lui je suis entrée.

 

J’ai donné son courrier à François.

 

J’ai embrassé Morvan, qui avait assisté à toute cette scène, sur la bouche car nous faisons ça très régulièrement. D’autant plus depuis que nous vivons ensemble, sous le même toit.

Et d’autant plus parce qu’à ce moment précis, cela faisait au moins deux heures que je ne l’avais pas vu.

En le serrant hyper fort, je lui ai dit :

- Tu m’as tellement manqué.

Il n’a rien dit de particulier, il est habitué maintenant à mon grand sens de la mesure dans les propos.

 

François s’est alors approché de moi pour me faire la bise, mais je me suis reculée. Nous étions en plein Covid !

Je lui ai proposé à la place de ma joue, mon avant-bras-droit, oui, celui qui me fait mal depuis quelques temps mais nous y reviendrons plus tard.

 

Il m’a alors dit que je pouvais lui faire la bise sans crainte car comme il avait déjà eu le covid et qu’il s’en était sorti, il ne pouvait pas être contagieux en cet instant précis.

 

Je n’étais pas convaincue par sa démonstration et de toutes façons, je trouvais qu’il avait une barbe beaucoup trop grosse pour que je lui fasse la bise.

 

Je lui ai donc dit :

- Désolée, mais je ne vais pas t’embrasser. Ta barbe est beaucoup trop grosse.

 

Il ne pouvait rien faire d’autre qu’accepter mon refus.

Avec sa grosse barbe, il nous a quand même fait un café et nous a raconté un tournage sur lequel il avait travaillé le week-end précédent.

Il a dit des mots comme : froid, boue, accident, blessure, centaine de danseurs, enfant qui court, drone et très bonnes salades le midi.

 

C’était mystérieux et du coup, ça m’a donné très envie de voir la dite vidéo qui n’est pour l’instant pas sur internet.

 

Ensuite, on a parlé du clip de Dis comment tu Ken, et on a bu un autre café.

 

Et puis est venu le temps d’arrêter de boire du café et de se mettre devant l’ordinateur pour clairement avancer sur ce clip.

Morvan avait monté les refrains dans son nouveau bureau quelques jours auparavant et François avait été missionné pour monter les couplets.

C’était un beau travail d’équipe.

D’équipe de barbus, mais d’équipe quand même.

 

Pour dynamiser les couplets, et les rendre sensuels, François avait eu une idée.

En arrière-plan de ce que nous avions filmé au Lieu Unique, il souhaitait mettre des images de corps dénudés en mouvement …

Le spectateur devinerait ce qu’il se passe sur ces images sans pour autant voir clairement l’action se dérouler. La suggestion et l’imagination du spectateur suffiraient largement pour coller aux propos explicites de la chanson.

C’était une bonne idée, encore fallait-il pouvoir la réaliser.

 

Pour essayer, et voir ce que cela pourrait donner dans la vraie vie, il avait récupéré des images explicites (mais belles) sur internet et les avait collées derrière nous.

 

C’était réussi, vraiment très réussi.

Son idée était très bonne alors on l’a validée.

 

Ne restait plus qu’à réaliser cette idée avec des images dont les droits nous appartiendraient.

Ce qui n’était pas le cas des images explicites précédemment citées.

Et puisque l’état financier de notre entreprise actuellement à l’arrêt ne nous permettait pas d’acheter ces droits, il fallait que l’on filme nous-même des corps dénudés en mouvement.

 

Et puisque l’état financier de notre entreprise actuellement à l’arrêt ne nous permettait pas d’embaucher des comédiens pour tourner ses images, il fallait que les corps dénudés en mouvement soient les nôtres.

 

Ce projet plaisait beaucoup à Morvan.

Moi, je n’avais pas d’à priori.

J’avais au cours de ma carrière, et pour de nombreux clips, tourné dans beaucoup de lieux, dans beaucoup de positions, par différentes températures et habillée de beaucoup de manières.

J’avais même tourné avec des animaux.

Et avec des enfants. (Mais ça c’est une blague pas drôle du tout).

 

Alors tourner nue, franchement, j’étais plus à ça près.

Il faudrait juste, au moment du montage faire attention à ce qu’on allait montrer ou pas sur ces images car youtube et les réseaux sociaux ont la censure facile.

J’en avais déjà fait les frais par le passé et pour beaucoup moins que ça.

 

François nous a alors tendu une caméra avec un objectif 35mm et nous a dit :

- Pour la cohérence des images, filmez-vous sur un drap blanc et devant un mur blanc.

 

Trouver un mur blanc, c’était pas un problème, on en avait plein des murs blancs chez nous. On venait de passer deux mois à monter des cloisons en placo-plâtre.

Donc au niveau des murs blancs, on avait l’embarras du choix.

 

Par contre, on n’avait pas de draps blancs.

Et ça, c’était de ma faute.

Dans un souci de minimalisme, j’avais quelques semaines auparavant, emmené tout un tas de draps au relais dans le but de ne pas encombrer notre nouvelle maison d’objets inutiles et pour ne garder que ce qui était vraiment nécessaire à notre vie commune.

Depuis cette folie du minimalisme qui était allée beaucoup plus loin que les simples draps, on avait beaucoup moins de choses chez nous, on avait beaucoup plus d’espaces libres mais on n’avait plus de draps blancs.

 

Alors François est allé dans la chambre attenante à sa salle de montage et il en est revenu les bras chargés d'un drap blanc.

 

Ainsi équipés avec sa caméra et un drap blanc nous avions tout le matériel nécessaire au tournage de ces images explicites mais belles.

 

Nous avons promis à François de faire ces images au plus vite.

Il nous a promis en retour de faire le montage au plus tard pour le 15 Février.

Ceci ferait plaisir à notre booker Fred qui attendait cette vidéo impatiemment pour pouvoir booker des concerts (concerts qu’il devrait sûrement annuler quelques semaines après).

 

Sur le chemin du retour, j’ai demandé à Morvan si ……… ( je suis entrain de l’écrire la suite de cet épisode, si le début vous a plus, mettez moi un pouce levé et ça m’encouragera pour écrire la suite que je publierai très prochainement )

Vous me manquez, sachez que je lis tous vos messages et qu’il me font toujours très plaisir.

. à très vite .

 

Liz

Moi-même devant un mur que j'ai monté moi-même. On est ainsi proche de l'auto-suffisance.

Moi-même devant un mur que j'ai monté moi-même. On est ainsi proche de l'auto-suffisance.

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